Une époque formidable !

Tribune,

Oui, nous vivons une époque formidable, et je crois important de vous expliquer pourquoi : dans un premier temps, nous avons un président qui nous a expliqué à quel point la France était difficilement gouvernable. Ce que nous savions depuis que Jacques Delors, en 1994, refusant sa candidature à la présidence nationale, a dit : « La France est ingouvernable. » Mais notre président actuel, lui, oublie qu’il nous a mis lui-même dans une situation inextricable. Certains journalistes tentent de nous expliquer, depuis peu, que pour le parti du président, cela serait ou plus exactement, aurait été un avantage, à savoir, la dissolution. Car sinon, le risque était de perdre encore plus de députés ! Dans un premier temps, c’est fou cette attitude de certains de tenter de faire croire qu’une erreur est, en réalité, la sauvegarde d’un avantage. Cela me rappelle la dissolution de 1997, et la façon dont on est capable de se tirer une balle dans le pied. Et à chaque fois, il y a une tentation d’explication, autre que la réalité. Et cette dernière est pourtant simple : c’est une vanité réservée au président, qui s’est pris un soir, pour Dieu. Et ce n’est jamais bon quand un décideur croit être au-dessus de tous et surtout, au-dessus du peuple. Le résultat, qui a échappé au président, c’est la réponse des Français, au premier tour des législatives, avec un vote massif pour le RN. Ensuite, comme il l’attendait (enfin, je suppose, même si ce n’est pas tout à fait le résultat qu’il espérait), c’est le retour de l’ensemble de gauche ou d’une coalition à l’alliage de fer et d’argile, faisant mieux qu’il ne le prévoyait, mais avec toujours en son sein un LFI dictateur et dirigiste, un PS soumit et des écologistes restants toujours, dans ces élucubrations d’une forme de décroissance, limitant les possibilités de construire notre futur commun. Voilà maintenant un certain nombre de jours et même de semaines, que le président cherche le futur premier ministre. Mais qui est prêt à partir au casse-pipe ? Car oui, il s’agit bien d’un poste équipé d’un siège éjectable, avec une assemblée nationale totalement disloquée, sans aucune véritable majorité. Un bloc de gauche, d’accord sur pas grand-chose, même s’ils font des efforts considérables pour avoir une façade acceptable, un bloc central où les personnalités ne pensent qu’à la date des prochaines présidentielles, normalement en 2027. Et enfin, un RN à l’extrême droite, qui, après avoir cru prendre le pouvoir, mettra du temps avant de reprendre le cours de sa route, qui, jusqu’à ces législatives, était bien droit. Mais qui aujourd’hui est véritablement biscornu, sans compter que la valeur identitaire du parti risque un jour ou l’autre, à force de défaite, d’exploser ? Alors oui, il y a aussi les républicains. Mais là, il y a le problème Ciotti : ce président de parti, qui s’est vu calife, mais qui en réalité n’est rien d’autre qu’un marche-pied ! Voilà la réalité du jeu d’E. Macron. Mais nous pouvons aussi regarder les autres réalités du pays, sous la dictée des écologistes. La majorité macroniste a voté une loi, appelée ZEN, non que je sois particulièrement anti-écologiste, mais nous avons un problème particulier : il y a, en France, environ trois millions de familles mal-logées. Or, nous ne construisons que quelques milliers de logements par an et nous pouvons même dire, de moins en moins. Il faudrait en faire environ cinq cent mille par an pendant vingt ans pour rattraper notre retard. Mais surtout, loger les Français de façon correcte et acceptable. Et au lieu de cela, nous avons décidé qu’il y avait plus important que de loger nos compatriotes, en interdisant ou limitant les possibilités ! Il en va de même pour les capacités d’entreprendre en France. Et sur cette chose particulière, depuis trop longtemps (par-là, je fais allusion à l’élection de F. Mitterrand), nous avons décidé que la France ne serait plus un pays industriel, mais un pays de service. La désindustrialisation avait commencé, il faut le dire, dans les années soixante-dix. Mais après 81, elle n’a fait que s’amplifier. Rappelez-vous la phrase prononcée à cette époque : « L’entreprise sans usines » de Serge Tchuruk où le symbole de la désindustrialisation, le fleuron français Alcatel, numéro un mondiale de la fibre, va disparaitre. Mais cet état de fait était déjà bien lancé, et ce sont toutes les grandes entreprises industrielles qui vont, petit à petit, cloisonner la valeur ajoutée manufacturière de la valeur globale de l’entreprise, avec un principe l’externalisation. Et une volonté, la dématérialisation : ce concept à la mode exterminera l’industrie française, en détruisant la main-d’œuvre spécialisée. L’idée, à l’époque, n’était pas totalement stupide. Elle ne faisait rien d’autre que de constater l’entrée de la Chine dans la compétition mondiale, et surtout, le constat des différences du coût du travail, qui interdisait de pouvoir s’aligner, en Europe ! Mais c’est justement là l’erreur de ces dirigeants : ils sont partis du principe que nous ne pouvions pas nous aligner, et il fallait également pouvoir investir ce pays-continent pour vendre nos produits, ouvrir de nouveaux marchés. Et pour ce faire, il fallait que la fabrication soit effectué sur place. L’idée d’E. Macron était de revenir sur cet état de fait. Mais réindustrialiser est bien plus compliqué que l’inverse. Regardons simplement ce qui s’est passé après le Covid, pour tenter de faire revenir la fabrication de médicaments. Eh bien, deux ans après, rien ou presque ne s’est créé. Simplement pour une raison élémentaire : personne ne veut de la fumée d’usines à côté de chez lui !

Nous avons plus d’un an de PIB de dette. Le NFP voudrait en rajouter encore quelque trois mois de PIB supplémentaire de dettes, partant du principe que cela n’est pas grave, car de toute façon, cette dette ne sera jamais remboursée, selon LFI. Je voudrais simplement demander ce que vous feriez, si ce risque vous était présenté pour votre épargne. Car oui, il s’agit bien de cela. Il est évident que vous ne prêteriez plus à ce pays, mais en plus, même si vous lui prêtiez, cela se ferait à des taux inaccessibles. Bizarrement, je pense que cela serait peut-être la meilleure chose qui puisse arriver au pays, car en réalité, cela obligerait l’ensemble des politiques à retrouver un comportement responsable, et interdirait toutes les infox économiques actuelles en rappelant que les fake news sont faites pour induire en erreur l’opinion et surtout pour prendre le pouvoir, sans jamais en avoir la qualité. Mais cela finira par une baisse du budget de l’État français de quelque cent cinquante milliards, différentiel actuel entre les recettes et les dépenses. Ne soyez pas étonnés, si je vous explique que les premiers touchés seront les retraités du privé. Car pour ce qui est des fonctionnaires, ne vous trompez pas : ils seront en grande partie épargnés. Ensuite, ce sont les comptes épargnes qui seront transformés en obligation d’État, car il faudra bien trouver de l’argent pour redresser les comptes publics.

Enfin, pour terminer cette tribune, je voudrais simplement vous dire de toujours prendre le temps de la réflexion, quand vous lisez un document sur Internet. Car il se trouve que tous ne sont pas réels et sont là, que vous faire prendre des vessies pour des lanternes, et le risque est toujours le même : vous tromper. Un homme prévenu en vaut deux. Que peut faire le pot de terre contre le pot de fer qui le manipule, sachant que la fragilité de son argile ne peut lui résister ?

La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2024

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