L’Emploi en France
Ce matin nous avons une communication de l’INSEE sur les chiffres du P.I.B. en France en 2017, avec une projection sur l’emploi dans notre pays. Une question revient chaque mois , quels sont les chiffres réels du chômage ?
Oui, nous avons dans notre pays les plus grands mathématiciens de la planète, notre pays est le deuxième en matière de médaille Fields[1] et pourtant nous ne sommes pas capables de nous mettre d’accord sur le taux de chômage. Il est vrai qu’avec deux organismes distincts pour nous donner ces chiffres, nos politiques peuvent en permanence prendre celui qui les arrangent. Je vais tenter de vous donner des explications simples sur ces deux organismes et surtout vous expliquer leurs données. Ces deux organismes sont Pôle Emploi qui enregistre et indemnise les chômeurs et l’INSEE (L’institut national de la statistique et des études économiques)
L’INSEE a été créé en 1946, c’est l’une des directions générales du ministère de l’Économie et des Finances (BERCY). Son indépendance professionnelle est inscrite dans le droit français. L’INSEE a évolué en 2008 par une nouvelle loi dite de modernisation de l’économie. Son activité est multiple. l’INSEE gère l’ensemble des statistiques de l’économie française, allant du nombre de la population française en passant par l’inflation ou la croissance, le taux de chômage selon la pratique du BIT[2], Etc.
Reprenons le système de calcul de l’INSEE, qui publie 4 fois par an son taux de chômage, calculé sur le trimestre passé. Son critère celui du BIT, calcule les réponses à une enquête d’emploi effectuée auprès de 110 000 personnes, dont 12 000 dans les territoires d’outre-mer. Au 1er trimestre 2017, selon l’INSEE, il s’établit à 9,3% en France métropolitaine, soit une baisse de 0,4 point par rapport au dernier trimestre 2016. Le nombre de chômeurs selon cette institution s’établit à 2,674 Millions de personnes.
Je crois intéressant de regarder ce calcul. Un chômeur selon le B.I.T. est une personne qui est âgée au minimum de 15 ans qui est sans emploi au cours de la semaine d’enquête, a effectué des recherches d’emploi au cours des 4 semaines précédant l’enquête, enfin il doit être disponible pour travailler dans les deux semaines qui suivent l’enquête. Ainsi, les calculs effectués après l’enquête permettent de définir un nombre de chômeurs. Ce chiffre rapporté au nombre de personnes actives dans la population française donne le taux de chômage. Mais comme vous pouvez le constater nous sommes devant un système plus qu’incompréhensible sur le calcul du chômage, car en effectuant un sondage nous arrivons à un approximatif détonant, toujours selon l’INSEE nous n’avons que deux millions six cent soixante-quatorze chômeurs. Je me demande où sont passé le million manquant qui est néanmoins inscrit et indemnisé. De plus, le chômage ne se limite en aucun cas à cette catégorie.En effet, que faisons nous des trois autres millions de personnes ayant travaillé quelques heures pendant le mois précèdent ou qui sont en formation, souvent une forme d’obligation et qui ne retrouveront pas forcément du travail en sortant, mais il y a également ceux qui n’étant plus indemnisé, ne sont simplement plus comptabilisés.
Maintenant regardons Pôle Emploi. Il faut constater que nous partons là de chiffres réels des inscrits et indemnisés par l’organisme. Ensuite, il y a cinq catégories, A,B,C,D et E, mais la communication est principalement faite sur la catégorie A. Ainsi du côté de Pôle Emploi il y aurait, en catégorie A fin avril 2017, trois millions quatre cent soixante et onze mille chômeurs. La première constatation est la différence entre l’INSEE et Pôle Emploi rien que dans la catégorie de personnes sans emploi et sans activité. Ensuite, il y a les autres catégories. B, ayant travaillées dans le mois, 78 heures ou moins, C plus de 78 heures travaillées dans le mois, enfin les catégories D et E, personne non tenue de rechercher un emploi, il s’agit là des personnes en formation ou trop âgés. Pour les trois catégories A, B et C nous comptons à fin avril cinq millions cinq cent trente-cinq mille chômeurs. Nous remarquons immédiatement que nous sommes au double de l’INSEE. Pour Pôle Emploi, il y a eu une petite baisse des demandeurs d’emploi en catégorie A, mais il oublie volontairement ou non de signaler que dans les deux autres catégories. B et C il y a eu une augmentation, mais le plus important est ce que nous ne voyons pas les deux dernières catégories et notamment pour les mises en formations, il y a eu une augmentation de cinq cents milles, qui du coup ne se retrouve plus dans les trois premières catégories, surtout en A. Il faut donc se poser une question, si nous imaginons qu’il y a eu un peu plus de cent mille chômeurs de moins en catégorie A et que dans le même temps nous avons eu cinq cents mille formation de plus, nous avons un vrai différentiel, si je regarde ça en comptable alors je pourrais penser qu’en fait il y a eu quatre cents mille chômeurs de plus !
Nous sommes toujours dans une situation grave quelque soit le chiffre, mais dans les deux cas, sont oubliés tous ceux qui ne sont plus inscrits sur les listes de chômeurs, car plus indemnisés et qui n’intéresse plus personne, c’est comme ça que la pauvreté monte, sans bruit.
Ce qui m’embête le plus, c’est finalement la tromperie permanente sur les chiffres donnés en pâture, qui ne correspondent à rien, car impossible à comprendre pour les non initiés. Comment comprendre que l’INSEE fasse un sondage pour donner un chiffre du chômage chaque trimestre qui se prétend être le chiffre officiel, mais quand il y a un vote, c’est bien les bulletins qui sont comptabilisés et non les sondages ? Ensuite, comment comprendre qu’un sondage sur un vingtième, selon leurs chiffres, permet de tirer des enseignements d’augmentation ou de baisse des chômeurs.
Mais dans le cas de Pôle Emploi, il y a aussi un problème, les chômeurs ayant travaillés quelques heures ou jours par mois, sont bien encore des chômeurs, pourquoi ne pas les comptabiliser et ainsi avoir des chiffres approchant de la réalité.
Je propose au nouveau gouvernement d’arrêter la valse des chiffres du chômage, pour ne prendre que le chiffre de Pôle Emploi qui comprendrait les catégories A, B et C.
Pour avoir les chiffres depuis le début d’année, sur les inscriptions à Pôle Emploi, en mai il y a eu 22.300 chômeurs de plus, cela donne depuis le début d’année 2017, entre les baisses et les augmentations environ 30.000 chômeurs de plus. Voilà qui pose encore un problème sur l’honnêteté des informations produites par nos gouvernants.
Ph. Sallanche 2017