Comme à chaque fois que des journalistes parlent d’économie, je me retrouve avec des questionnements. Aujourd’hui, à la suite de l’information sur le déficit commercial de la France au mois de juin, une forme d’incompréhension est arrivée jusqu’à moi. Que veux dire le déficit s’est creusé et atteint fin juin 59,8 milliards d’euros, sur douze mois cumulés. De plus, pourquoi est-ce les douanes qui annoncent ce déficit et non le ministère de l’Économie, voilà déjà quelques questions à éclaircir.
Pour être précis, nous dirons que les chiffres du déficit ou de l’excédant commercial de la France sont annoncés par les douanes (pour les excédants, les douanes n’ont malheureusement pas vraiment eu d’annonce en ce sens depuis longtemps) parce qu’il s’agit avant tout d’exportation et d’importation et que ce sont les douanes qui comptabilisent les entrées et sorties du territoire, puisque ce sont elles qui contrôlent les marchandises. Toutes les entreprises doivent envoyer aux douanes une déclaration mensuelle des marchandises qu’ils importent ou exportent vers des pays hors communauté européenne, car pour l’Europe il s’agit d’échanges intracommunautaires, mais bien entendu vous devez réaliser une déclaration d’échange chaque mois.
En France, selon une tradition vieille de plus de deux siècles, c’est la Direction générale des douanes et droits indirects qui établit la balance commerciale. Chaque mois le service statistique des douanes présente et commente les résultats de la balance commerciale. Celle-ci ne retrace que les échanges de marchandises uniquement. Les douanes sont sous la responsabilité du ministère du Budget.
Maintenant pour répondre à la deuxième question, l’explication des augmentations ou diminutions de cette balance est due principalement aux livraisons de l’industrie lourde. Par exemple si nous livrons, comme lors du précédent mois un navire de croisière à plusieurs centaines de millions d’euros ou des Airbus, cette balance va se redresser, mais les mois sans, les importations de pétrole, d’informatiques ou le multimédia, de bien de type habilement ou véhicule, qui sont permanent tout au long de l’année, creuse le déficit, car nous n’avons plus beaucoup d’industrie capable d’exportation dans ces domaines et que nous ne sommes pas ou très peu producteur de pétrole, à une exception prête, l’industrie automobile, qui possède toujours des usines dans l’hexagone. En France nous avons cette année environ 124 000 entreprises exportatrices, contre plus de 300 000 en Allemagne ou 200 000 en Italie et ce nombre est en diminution depuis plusieurs années. La réalité n’est pas que nous soyons moins bons que les autres, sauf que nous ne sommes pas compétitifs, il est donc particulièrement difficile d’exporter dans les domaines sous concurrences, notamment dès qu’il y a un besoin de mains-d’œuvre importante. La réalité du coup moyen de l’heure de main d’œuvre par pays est particulièrement édifiante, il permet de mieux comprendre. Le coût horaire de la main-d’œuvre pour l’ensemble de la zone euro est estimé à 30,5€, en progression de 1,2% sur un an au 1er trimestre 2017, celui de la France est de 36,9€ par comparaison l’Allemagne est à 35,2€, l’Italie à 27,7€ ou l’Espagne 21,1€. Nous voyons bien là les difficultés que nous avons en face de nos voisins. L’Allemagne n’est pas très loin de nous, mais elle a moins de problèmes d’exportation avec des entreprises sur des marchés sans beaucoup de concurrences, comme les machines-outils, résultat d’un travail à long terme et d’une qualité de soutien des länder à leurs industries.
Maintenant et pour finir cet article, nous pouvons constater que le début des problèmes de déficit commercial pour la France débute avec le premier choc pétrolier de 1974, ce qui prouve dans un premier temps que les importations de pétrole sont l’un des problèmes avec les autres sources d’énergie en excluant l’électricité, qui est une des forces de notre pays avec la mise en place de l’énergie nucléaire. Ce premier déficit avait atteint – 2,6 milliards. Ensuite, nous allons avoir les premières délocalisations dû toujours au renchérissement de l’énergie, les coûts de fabrication ayant explosé. Les industriels français n’ont pas trouvé d’autres possibilités que de faire construire des usines dans des pays où les coûts de mains-d’œuvre furent moins élevé. Ensuite, nous aurons le deuxième choc pétrolier, en 1979, que nous avons payé en 1982 avec les décisions du nouveau gouvernement socialiste, notamment en lâchant, un peu, les cordons de la bourse et en nationalisant l’ensemble des pans économiques du pays. Nous aurons atteint alors un déficit, qu’à l’époque nous pensions être un maximum, de 14,3 milliards. Ensuite, nous allons être en déficit toutes les années jusqu’en 1997, pendant toutes ces périodes la désindustrialisation de la France va continuer voir même s’accélérer allant jusqu’à perdre la grande majorité de nos usines, et sera en partie remplacé par les services. Mais là, également après des spécialisations et des inventions de système, grands pourvoyeurs d’emplois, des délocalisations vont se produire, notamment dans la téléphonie et plus particulièrement les centres téléphoniques ou encore dans les services informatiques. Les grandes périodes de délocalisation, en France, se situent entre 1980 et 2007, les pertes de productivité dues principalement a des augmentations de période de non travaillées (5ème semaine de congés payés ainsi que les RTT avec la mise en place des 35h) n’ont fait qu’augmenté le coût du travaille et ainsi les pertes d’emplois seront d’environ deux millions de postes. Selon plusieurs études, en 2012, la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière au sens strict (hors énergie et construction) dans l’économie est la plus faible en France, en rapport des autres pays industrialisés, avec un taux de 11,3 % en 2012, pour comparer il est de plus de 22% en Allemagne.
Voilà j’espère vous avoir donné quelques informations sur notre déficit commercial.
Ph Sallanche 2017