L’Union européenne, ce nom qui est dans toutes les discussions pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Des politiques s’en sont accaparés pour tenter d’apporter des solutions à leurs propres incapacités à mettre en place des plans financiers de redressement des économies de la zone euro. Et comme toujours aujourd’hui, ils vous demandent de les élire au parlement européen pour le détruire, c’est plutôt drôle, vous ne croyez pas !
Mais revenons à l’union européenne et surtout à son histoire. Tout commence juste après l’armistice de 1945, par la volonté de deux hommes. Faisons un pas plus lointain dans l’histoire. En 1620, le duc de Sully imagine, dans ses mémoires, un corps politique de tous les États d’Europe dont l’objectif serait la création d’une paix inaltérable et un commerce perpétuel. Il s’agit là de la première construction intellectuelle de l’Europe, mais les égoïsmes et les volontés de pouvoir ne permettront pas d’avancer plus loin cette vision. Une nouvelle tentative avec le traité de Westphalie en 1648, réunira pour la première fois autour d’une table de négociation les grands États d’Europe afin de définir les relations entre eux dans le respect de leur souveraineté respective.
Le siècle des Lumières à partir de 1715 vit les premiers échanges culturels sans frontières, les Lumières en France avaient leurs équivalents avec en Angleterre l’Enlightenment, l’Aufklärung en Allemagne, l’Illuminismo en Italie ou encore en Espagne l’Ilustración.
Après la Première Guerre mondiale, la France imposa à l’Allemagne vaincue le traité de Versailles et le paiement de réparations. On peut noter cependant les initiatives d’Aristide Briand auprès de la SDN, ainsi que le mouvement pan européen, véritable laboratoire d’idée. Le Marché commun européen fut précédé de tentatives du même ordre, dans les années 1920, dont la plus importante pris la forme d’un appel aux Européens en faveur d’une Union douanière européenne, lancé le 12 mars 1925 par le journaliste Edgar Stern-Rubarth et neuf autres personnalités internationales, parmi lesquelles les économistes hongrois Elemér Hantos et l’économiste français Charles Gide.
Dans les années 1930, l’idée d’une « union douanière européenne » était soumise à la conférence économique internationale, afin de lutter contre des barrières douanières alors perçues comme pouvant avoir des conséquences néfastes.
Ce fut après les nouvelles horreurs de la Seconde Guerre mondiale que l’idée est réapparue de façon plus large. Des initiatives en vue de préparer la paix, naquirent dans les mouvements de résistance. Ainsi, Altiero Spinelli fonde en 1943 à Milan le Mouvement fédéraliste européen. En 1944 est fondé à Lyon le Comité français pour la fédération européenne. En Allemagne, le mouvement La Rose blanche appelle à une fédération européenne pour l’après-guerre.
Dans un célèbre discours prononcé en 1946 à l’université de Zurich, l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill déclarait : « Il existe un remède qui s’il était adopté par la grande majorité des peuples dans de nombreux pays pourrait, comme par miracle, rendre l’Europe aussi libre et heureuse que la Suisse. Nous devons construire une sorte d’États-Unis d’Europe. La première étape consiste à former un Conseil de l’Europe. La France et l’Allemagne doivent ensemble prendre cette direction. »
Le Congrès de la Haye, en 1948, rassemble les différents partisans de l’unification de l’Europe. L’une de ses conséquences fut la création du Conseil de l’Europe, première tentative vers la construction d’un avenir commun aux nations d’Europe.
En 1946 à Cologne, Robert Schuman, alors ministre des finance (il deviendra en 1947 président du conseil) en France, rencontre Konrad Adenauer chancelier allemand et Alcide De Gasperi président du conseil italien, lors d’une réunion entre les dirigeants des partis démocrates chrétiens. Pendant cette rencontre, ils exposent leurs idéaux et posent les fondements d’une Europe unie, dépassant l’opposition séculaire de certains peuples, notamment franco-allemands.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman alors ministre des Affaires étrangères présenta au quai d’Orsay, dans une déclaration considérée comme l’acte de naissance de l’Union européenne, une proposition relative à une organisation de l’Europe, indispensable au maintien de relations pacifiques. Dans cette déclaration qu’il avait rédigée avec son conseiller et ami Jean Monnet, il appelle la France, l’Allemagne et les pays européens qui voudront les rejoindre à mettre en commun leurs productions de charbon et d’acier, ressources stratégiques à l’époque. Ce faisant, la France prend une démarche inverse de celle qui avait mené aux humiliations imposées par le traité de Versailles et rejoint au contraire le vœu de Victor Hugo, qui dans son testament politique et social du XIXe siècle se fait le visionnaire de la construction européenne. L’Europe ne se fera pas d’un coup de baguette magique et il faudra la volonté de dirigeants politiques européens pour arriver après bientôt soixante dix ans à une période de paix sans discontinuer.
L’Union Européenne, ne fut pas qu’un vœu pieu, car il a été depuis toujours une volonté de créer une paix entre nos nations, alors si cette petite histoire vous permet de ne pas lui tourner le dos, je vous propose de voter pour sa continuation.
Philippe Sallanche 2018