Les chiffres du chômage de l’INSEE viennent de tomber et, une fois de plus, ils sont dans l’absurdité totale avec comme toujours des excuses irréelles. Selon cet organisme, il y aurait eu 0,7% de chômeurs en moins au deuxième trimestre 2020, et pour comptabiliser ce chiffre, le sondage a été effectué en ne prenant pas en compte un certain nombre de personnes qui, du fait du confinement, ne pouvaient pas rechercher du travail. Un chômeur qui est obligé de rester chez lui pour cause de pandémie ne serait donc plus chômeur…
Pour vous rappeler ou vous informer, l’INSEE donne des chiffres ! Pour être un peu plus précis, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques est chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles en France, de la comptabilité nationale annuelle et trimestrielle, de l’évaluation de la démographie nationale, mais également des taux de chômage, mais aussi des taux d’emploi ou de pauvreté. L’INSEE a, dans son cahier des charges, la production et la publication de nombreux indices, dont la qualité est très généralement reconnue, même si, depuis quelque temps, beaucoup de ces indices sont remis en cause. Parmi ces indices, celui des prix à la consommation constitue la mesure officielle de l’inflation. D’autres indices sont des références obligatoires pour la conclusion ou la révision de certains contrats, comme, par exemple, l’indice de référence des loyers ou l’indice des loyers commerciaux. Voilà, il s’agit donc d’une institution dont la teneur en matières grises est particulièrement importante, alors comment comprendre que depuis plus de vingt ans, nous assistons à une mascarade en matière de chômage ? Comment, depuis tout ce temps, l’INSEE annonce environ un million de chômeurs de moins que la réalité ? La principale excuse est le BIT, le Bureau International du Travail, qui est une division de l’ONU. Il indique comment prendre en compte un chômeur : il s’agit d’une personne de 15 ans ou plus, n’ayant pas eu d’activité rémunérée lors d’une semaine de référence, disponible pour occuper un emploi dans les 15 jours et qui a recherché activement un emploi dans le mois précédent. Et, pour suivre le taux de chômage, il est mis en place un sondage sur 120 000 personnes, tous les trimestres. Eh oui, je parle bien d’un sondage et non de la comptabilisation réelle des chômeurs, et c’est là que le système de l’INSEE débloque, même si, depuis quarante ans, cela arrange nos gouvernements successifs. Le sondage est donc effectué sur 0,03% des chômeurs en classe A de Pôle Emploi, qui compte la réalité des chômeurs puisqu’ils les indemnisent. Comment prendre au sérieux les données qui sortent de l’INSEE, et pourquoi la presse ne fait pas ce travail minimum de comparaison entre la réalité des données de Pôle Emploi et de l’INSEE, faisant penser que les annonces de l’INSEE donnent de l’espoir ?
Le plus grave est que, de ce fait, c’est tout le travail de l’INSEE qui est remis en cause, petit à petit. Qui aujourd’hui croit aux chiffres de l’inflation ? Faites donc un simple sondage dans les rues.
Il est temps que nos gouvernants arrêtent de tripatouiller les chiffres pour un intérêt immédiat. Rappelez-vous ce président qui, chaque année, prévoyait le retournement de la courbe du chômage : c’est arrivé après son départ, malgré les tripatouillages pendant quatre ans, et le pire, c’est qu’il n’en a probablement aucune responsabilité.
Aujourd’hui, le chômage serait à environ 11% de la population active, alors repartez enfin de ces vrais chiffres et regardez l’évolution réelle des inscrits chez Pôle Emploi.
La suite dans les prochains jours.
© Philippe Sallanche 2020