Pour cette dernière tribune de l’année, je voudrais vous parler d’économie et surtout du tripatouillage des chiffres, en permanence, par les politiques. Commençons par les informations que nous trouvons depuis quelques jours dans la presse économique nationale : la dette de la France, et comment elle s’est constituée, au fur et à mesure des années depuis le début de la 5ème république.
Ce qu’il faut comprendre avant tout, c’est que la France a déjà eu des taux d’endettement bien supérieurs à celui d’aujourd’hui, ce qui pourrait prouver qu’il est possible de diminuer cet endettement. Pour preuve, en 1945, au sortir de la guerre, la dette de la France représentait environ 160% du PIB. Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle estime que cette dette équivaut à 10 années de recettes fiscales. Pour la reconstruction de la France, l’épargne des Français va être mobilisée dans des emprunts nationaux. En 1959, à l’arrivée au pouvoir, le général de Gaulle impose une reprise en main des dépenses publiques, il fait couper dans les budgets 14% des dépenses et permet ainsi de redresser les comptes publics. Il fait également augmenter les impôts des tranches marginales les plus hautes. En 1969, quand il quitte la présidence l’endettement est de 13,5%. Au décès de Pompidou, il est passé à 16% du PIB. Arrivent les années Giscard d’Estaing, et la fin des Trente Glorieuses, mais aussi du premier choc pétrolier, la dette sera finalement contenue, grâce à des taux d’intérêt bas voire négatifs, mais aussi à une inflation importante, diminuant la valeur des emprunts, pour finir à 20% du PIB. Les années Mitterrand vont commencer par une augmentation de la dette publique de 30% dans une relance de type keynésienne, de grande ampleur, qui va passer à 25% en 1982. Puis la décision de passer la retraite à 60 ans sans financement supplémentaire va aussi augmenter les dépenses et surtout créer un déficit structurel des caisses de retraite, jusque-là à l’équilibre. À la fin du 1er septennat en 1988, le taux d’endettement est de 33,5%, en 1995, à la fin du 2ème mandat, il sera de 49,5%. Il est vrai qu’il y a eu plusieurs typologies de gouvernements, de droite et de gauche, en cohabitation, pendant cette période. Néanmoins, les année Mitterrand n’ont fait qu’augmenter les impôts et créer de la dette, mais surtout ces années ont créé des dettes permanentes. Maintenant, nous voici sous la présidence de Chirac ; le Plan Juppé pour redresser les comptes publics, a un impact similaire à celui du tournant de la rigueur en 1983, la croissance est divisée par deux pour passer à 1,4% en 1996, cela fait baisser les recettes, et donc creuse le déficit. Alors arrive l’idée de la dissolution, de la perte des élections et une nouvelle cohabitation, avec une période de cinq ans avec comme chef de l’exécutif Lionel Jospin. Même s’il y a un retournement conjoncturel, la dette va passer à 63,5% du PIB à la fin de cette période. Nous sommes maintenant en 2007 avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Il va mettre en place une baisse des impôts, mais la crise financière et économique de 2008 va détruire toutes possibilités de limitation de la dette, en faisant passer les déficits publics de 2,5% à 7,5%, avec une hausse des dépenses, comme le chômage de masse, augmentation des coûts de la Sécurité Sociale, liée à la baisse des prélèvements obligatoire, le coût de la dette qui augmente aussi de façon très importante à près de 55 milliards d’euros. Contrairement à ce qui a été dit, cette crise financière a été l’une des pires depuis 1929, la dette française est passée à 85% du PIB. Arrive enfin la période Hollande, même s’il n’y a pas de crise financière, il y a le problème des attentats. Néanmoins, une forme de déflation des intérêts sur les grandes institutions et les emprunts des pays, vont permettre de baisser le coût de la dette, mais celle-ci va atteindre 99,3% du PIB à la fin de son mandat, les finances publiques n’auront pas été épargnées, ce qui est le plus grave c’est que dans le même temps, les impôts ont augmenté en France de près de 5%, mettant ainsi la France en 1ère position d’imposition dans le monde. Enfin, et pour terminer, Emmanuel Macron est président de la République, alors qu’il prévoyait de maintenir la dette, la croissance plus faible que prévue et l’arrivée de la crise du Covid-19, vont détruire les bonnes volontés de l’élection. Il faut sauver l’économie et les entreprises, nous ne pouvons pas vraiment en tenir rigueur au gouvernement, car si trop d’entreprises avait disparu, la crise aurait été encore bien plus dramatique. Nous arrivons bientôt en 2022 et une nouvelle élection, la dette est actuellement d’environ à 220% du PIB.
Alors aujourd’hui, comment trouver les ressources pour réduire cette dette ? Ce n’est certainement pas par l’impôt. Nous sommes toujours sur le podium des habitants les plus imposés au monde, alors comment faire ? Aujourd’hui, la France a bien trop de fonctionnaires, ce qui a un coût non négligeable, mais elle a surtout des caisses sociales qui sont déstabilisées par du chômage de masse qui, contrairement à ce que nous dit l’INSSE, ne se réduit pas suffisamment et représente toujours environ 5,5 millions de personnes indemnisées. Une caisse de sécurité sociale déficitaire et pour laquelle rien n’est imaginé, et qui depuis la volonté de mettre en place un système d’économie et non de soins, n’a vu son déficit croître. Il est difficile de comprendre pourquoi on enlève des lits de soin et que cela ne donne aucune amélioration des finances des hôpitaux ! Enfin, des caisses de retraite en déficit structurel depuis 40 ans, et pourtant des retraités qui ne peuvent plus vraiment vivre avec leurs émoluments : il est temps de dire la vérité !
Nous devons réduire les charges de l’état, par la suppression d’un grand nombre de fonctionnaires, par la reprise en main des hôpitaux par les médecins, en supprimant les postes inutiles à leurs directions et à leurs administrations, qui sont devenus pléthoriques, jusqu’à représenter 30% des employés. Il faut retarder le départ à la retraite afin de permettre aux caisses de retraite de retrouver des marges de manœuvre, mais surtout pour redonner de meilleur traitement financier. Pour finir, il est indispensable de comprendre qu’un chômeur coûtera toujours plus cher qu’un travailleur, même s’il n’y a pas de recette au démarrage de son emploi, mieux vaut que cela ne pèse pas sur la charge des caisses sociales.
Bonne et heureuse année 2022,
Philippe Sallanche 2021