En 1981, avec l’élection de François Mitterrand, la décision était déjà prise : passer la retraite à 60 ans. Mais voilà, un certain nombre d’économistes se posaient des questions sur le financement, mais personne ne voulait défendre une position contraire à la décision du nouveau président. Pourtant, nous avions déjà les tables de mortalité qui nous expliquaient que, très vite, viendraient des dysfonctionnements et des impossibilités. Par exemple, ces courbes indiquaient que l’espérance de vie augmentait de façon très importante ; pour être précis, nous avons gagné environ 20 ans entre 1950 et 2020, et pour être très clair, cela fait 20 ans de paiement supplémentaire. Alors comment faire avec des cotisations qui, elles, vont automatiquement diminuer de 5 ans ?
Aujourd’hui, nous avons des retraités qui touchent des sommes ridicules, moins de 1000 euros par mois, au passage principalement des femmes, qui ont eu des carrières plus courtes ou qui ont eu des coupures pour cause d’enfants, ou de travail à mi-temps, etc. Alors, que doit-ont faire, continuer comme ça ? Ou trouver des solutions ? Mais voilà, elles ne sont pas très nombreuses… Augmenter les cotisations ? C’est difficilement possible, les travailleurs français sont déjà les plus taxés d’Europe et peut-être même du Monde, ce qui rend impossible cette option ; le coût du travail, en France, est bien supérieur aux autres pays industrialisés, et comme nous vivons dans un monde globalisé, les entreprises et industries vont là où le coût est le plus faible à capacité équivalente. D’ailleurs, nous avons déjà payé un coût exorbitant en délocalisation dans les années 1990.
Depuis 1982 et cette décision, la France n’a cessé de reculer dans le concert des nations industrialisées, par des décisions du même acabit. Par exemple, les 35 heures, sans réduction de salaire ; résultat, les entreprises ont limité les salaires jusqu’à récupération de la différence, mais aussi en rationalisant et en augmentant la productivité, le pays a plusieurs millions de chômeurs en permanence. Et pourtant, nous sommes le pays qui est le mieux disant en matière d’indemnisation et de durée, ce qui a créé des problèmes économiques dans les caisses de l’ASSEDIC, mais aussi dans les caisses de retraite, car là, il n’y a pas de cotisation. Aujourd’hui, il y a plusieurs centaines de milliers d’emplois non pourvus, alors doit-ont continuer comme ça ?
Les jeunes d’aujourd’hui voudraient avoir plus de loisirs, de quoi demain va-t-il être fait si les cotisations continuent de baisser ?Le travail ne serait plus leur centre d’intérêt, mais alors quelle sera leur fin d’activités, et surtout leurs retraites ? Nous avons même entendu, il y a peu de temps, une personne politique nous expliquer qu’elle défendait le droit à la paresse : comment cela va-t-il finir ? Et, dans tout ça, les syndicats nous expliquent qu’il ne faut pas toucher à la retraite à 62 ans. Mais là aussi, ils ne nous donnent aucune autre solution pour le financement, si ce n’est faire payer les riches et les plus grosses sociétés. Que veulent-ils vraiment ? Là aussi, que, comme dans les années 90, les sociétés délocalisent ?
Tout cela est stupide, il est temps de se reposer les bonnes questions : d’où vient l’argent qui rentre dans les caisses de l’État, si ce n’est des impôts et des cotisations, qui représentent à ce jour environ 46% de la richesse produite ?
Il n’est plus possible d’aller plus loin et il faut donc maintenant reprendre l’enseignement qui consiste à aimer le travail et l’accomplissement de soi par une activité, le plaisir de faire, de produire, et redonner au travail son accomplissement, pour soi et pour la nation.
Philippe Sallanche 2022