Ce week-end, madame la Première ministre E. Borne, nous a annoncé que les stations d’essence pourraient faire des ventes à perte pendant quelques mois. Depuis, certains spécialistes, journalistes ou éditorialistes, nous expliquent comment cette situation est ubuesque.
Les premiers vont dans le sens de la diminution des taxes plutôt que la vente à perte ; car cela va tuer les stations indépendantes, qui, elles, n’auront pas les moyens d’en faire autant pour les pertes. Car déjà le bénéfice sur un litre d’essence se situe entre un et cinq centimes.
Pour d’autres, la question est simple : – Qui aurait les moyens de vendre à perte ? – Eh bien, personne, sinon les grandes surfaces. Et là, nous avons les moyens pour ces dernières d’éliminer une partie de la concurrence. Mais est-ce bien là le travail d’un gouvernement ? Pour ma part, je serais bien curieux de savoir qui de ses conseillers a soufflé cette idée à la Première ministre !
Alors une fois ces deux ou trois questions posées, il reste quelques interrogations ; mais surtout aussi des conclusions à tirer. La première qui me vient d’abord à l’esprit, pour vous l’avoir déjà expliqué concernant d’autres pays, nous fait poser cette question : « Comment démontrer que la France accepte de figurer parmi les pays prédateurs ? » Rappelez-vous que c’est ce qu’a fait la Chine avec les prix sur les systèmes photovoltaïques, et avant ça, sur le textile, et demain sur les automobiles, détruisant des pans entiers de notre économie et de nos industries. Prix que nous commençons seulement à comprendre, pour la Chine, à notre plus haut niveau européen, malgré toute l’intelligence que nous pensons avoir dans ces bureaux, et que nous nous engageons à combattre d’une manière intègre, et là… enfin, peut-être. E. Borne explique que l’État ne peut pas baisser les taxes sur le carburant et qu’il n’y a qu’un seul moyen : celui de la vente à prix bas ! Je voudrais juste rappeler que le premier bénéficiaire, du coût ou du rapport, sur un litre d’essence, c’est l’État comme les taxes, à environ 60 %, qui d’ailleurs augmentent au fur et à mesure que le prix augmente, par le biais de la TVA. Simple rappel : la TVA s’applique toujours à la fin du processus, sans tenir compte du fait que pour un litre d’essence, vous avez deux types de TVA, sur le total et sur la TICPE. Il s’agit d’un fait particulièrement retord, car nous avons de la TVA sur des taxes. Alors, ce n’est pas la seule fois où cela existe en France, mais quand nous avons un vrai problème, comme actuellement, ce n’est pas seulement aux distributeurs de faire des efforts, mais bien à tous et donc l’État en fait partie.
Si toutefois, vous ne compreniez pas bien les montants qui entrent en jeu, la distribution des produits pétroliers rapporte au budget de la France chaque année 41 milliards d’euros, qui vont dans les caisses de l’État et dans les caisses régionales.
Dans tous les cas, les automobilistes apparaissent comme des contribuables qui paient davantage que ceux qui n’ont pas de voiture. Pour autant, et contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, il ne s’agit pas d’une spécificité française, même si en France on est dans l’exagération perpétuelle sur les taxes, nous sommes toujours le 1er ou le 2e pays dont les citoyens sont les plus taxés au monde. Enfin, depuis quelque temps, nous avons nos politiciens qui tentent de nous faire admettre que les taxes sur le carburant ont deux vertus : d’abord, c’est un impôt qui rentre facilement avec des risques de fraude très limités ! Ça, c’est en grande partie vrai. Ensuite, c’est un prélèvement obligatoire qui vise à compenser les effets de la circulation automobile sur le climat et la santé, basé sur un principe simple : « Plus on roule, plus on paie ! » Et cela reste totalement farfelu, car dans un premier temps, les taxes sur les carburants ne datent pas du commencement de la bataille sur le climat. C’est donc un premier mensonge, mais en plus, jamais l’état français ne s’est soucié de ce type de problème dans le prix de l’essence. Sauf pendant le quinquennat de monsieur Hollande en mettant en place une nouvelle taxe sur l’essence pour compenser les dépenses sur le climat, mais il se trouve que cela n’était rien d’autre qu’une façon de trouver la possibilité d’augmenter les taxes. Il s’agit donc encore d’une forme de mensonge.
Si vraiment l’État voulait diminuer les problèmes dus aux émanations de CO2 des véhicules, il obligerait les camions faisant plus de 100 kilomètres de route, à être transportés sur des trains de marchandises. Cela éliminerait environ 1 million de camions sur les routes de France et ferait immédiatement de notre pays, le meilleur d’Europe. Juste encore un petit rappel : la France serait le pays de l’OCDE, le plus privilégié en écologie de lutte contre la pollution routière !
Philippe Sallanche 2023