Depuis trop longtemps, nous avons fait semblant de ne rien voir, de ne rien regarder et pourtant nous connaissons bien cette technique qui consiste à profiter des désordres internationaux, actuellement de la guerre en Ukraine, pour détruire une culture et un peuple. Pour mieux comprendre, déjà en 1915, la Turquie a décidé de détruire, une première fois, ces chrétiens du Caucase qui, pourtant, sont le premier peuple en tant que peuple à être devenus chrétiens, bien avant tous les autres pays. Mais voilà, la volonté d’hégémonie d’un gouvernement turc consistait en la volonté de reformer un empire ottoman musulman, qui irait du Bosphore à l’Oural. Et surtout, la guerre avec la Russie, l’autre empire, faisait qu’il y avait une petite population, gênante, au milieu de ce dédale de contrées musulmanes et de guerres. Déjà bien avant 1915, alors que la Turquie était l’alliée de l’Allemagne, la volonté de récupérer des terres vers l’Est existait, et la Première Guerre mondiale de 14/18, leur donnait la possibilité de le faire sans que cela fasse trop de bruit. Plus tard, après avoir tué 1,5 million des populations arméniennes, il faudra attendre 50 ans pour entrevoir la dénonciation de ce génocide. Je rappelle que ce mot a été prononcé et avancé pour le massacre des Arméniens en 1933. Il sera finalement repris et présenté plus tard dans la compréhension populaire par l’avocat qui l’a repris pour le massacre de 6 millions de Juifs lors de la Shoah. Mais la vérité est tout autre. Ce qui est inquiétant, c’est qu’Israël n’a jamais reconnu le génocide arménien par crainte diplomatique de la Turquie au point d’avoir aujourd’hui vendu des armes à l’Azerbaïdjan musulman qui a bombardé et chassé la minorité arménienne du Haut-Karabakh qui est, en vérité, une ancienne province d’Arménie annexée au temps de Staline. Alors que les preuves de la volonté de destruction d’une population minoritaire et faible devant bien plus fort qu’elles sont donc indéniables, cela résume bien le mot de génocide.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale de 39/45, la Turquie signe le Pacte d’amitié turco-allemand en 1941 puis décide finalement par opportunisme de déclarer la guerre à l’Allemagne en février 1945. De même que pendant la Première Guerre mondiale, comme aujourd’hui la Turquie fait croire qu’elle était avec les alliés, elle ne fait rien d’autre que retourner sa veste comme une girouette selon la force du vent. Quant à Israël, cet État qui a vécu le même drame, et qui est encore bien plus grand que celui de l’Arménie, espérons qu’il s’apercevra enfin de son erreur dénoncée par l’historien et essayiste Marc Knobel dans sa tribune Le Point intitulée « Messieurs les Rabbins, j’ai honte et je suis Juif ».
Alors voilà, aujourd’hui, l’Europe, les États-Unis, mais aussi le reste du monde, à commencer par la Russie, qui était supposée être la protectrice de l’enclave du Haut-Karabakh, ne réagissent pas. Les nations laissent une fois de plus la Turquie agir de façon unilatérale en décidant de détruire une communauté. Demain, ça sera l’Arménie qui sera visée. Ne vous y trompez pas, pour réussir le panarabisme islamique turc de réunification des pays turcophones, jamais abandonné depuis le dix-neuvième siècle par les dirigeants turcs, dont l’idéologie nationaliste représente le danger, le plus important reste d’en être conscient pour l’avenir de la planète. Mais ne nous y trompons pas, les nationalistes, dans de nombreux pays, sont le seul vrai danger pour nos pays démocratiques et pour l’avenir immédiat, où les extrêmes prônent des idéologies nationalistes, en voulant dresser les populations les unes contre les autres, et la Turquie n’en est pas étrangère, notamment avec le financement de pseudo-association de défense de l’Islam en France et en Europe, avec une volonté de suprématie sur l’Occident. Mais là, le problème est avant tout le manque de courage de l’Union européenne et même des États-Unis, sur la défense de ces grands principes. Et un jour, les populations des grandes démocraties devront payer la note, mais il y a aussi le problème de la France qui oublie, de façon permanente, ses idéaux. Il faut maintenant se tenir près, pour éviter que ce soit l’Arménie qui soit agressée ! Les États démocratiques, qui ont toujours de grands principes, il faudra bien qu’ils les appliquent, maintenant, avant une prochaine guerre, dans le Caucase.
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2023