Tribune,
Voilà, nous avons voté, pour un premier et deuxième tour, avec une forme de dissymétrie. Dans un premier temps, c’est le RN qui est arrivé en tête dans plus de 350 circonscriptions. Et ensuite, après des accords de désistement, entre tous les autres groupes politiques, c’est LFI qui est arrivé non pas premier, mais uniquement, le premier des derniers… La seule chose qui est, à ce jour, certaine, c’est que la grande perdante est l’économie. Il y a toujours des propositions qui font plaisir à l’oreille, et Dieu sait, si le RN ou encore le NFP ont forcé le trait sur des propositions économiques, impossibles à réaliser autre que de faire croire que nous connaîtrons demain des jours heureux. Mais voilà, je crois qu’il est important de démontrer quelques idées reçues :
Tout d’abord, une première action faite à ce sujet, à savoir, la baisse de la TVA. En effet, il y a eu déjà une baisse de la TVA sur la restauration. Qu’a-t-elle apporté, en réalité ? Une toute petite partie a été donnée aux clients, mais la majeure partie a servi à mettre à jour des rémunérations jugées trop faibles. Et la dernière partie a permis la capacité de refinancement des entreprises. Le coût de cette mesure est égal à dix milliards d’euros. Vous me direz que c’est une bonne initiative. En réalité, cela a permis simplement de reculer de deux ans la vraie problématique française : le coût du travail.
Le fait de baisser la fiscalité sur l’essence ou l’électricité, cela aura-t-il une incidence réelle et surtout, tenue dans le temps ? Rien n’est moins sûr, sans compter que le différentiel dans les caisses de l’État va devoir être compensé.
Il faut aussi rappeler que nous sommes l’un des États, le plus gourmand de la planète. Ce qui n’est pas si peu de choses, en les regardant de plus près. Il est temps de reprendre la réalité des dépenses, afin de pouvoir lister réellement les besoins en financement. Si nous regardons bien la réalité sur le coût du travail dans notre pays, nous avons deux grandes problématiques qu’il serait important, d’y remédier. La première est de ramener chaque dépense a son unique nécessité. Par exemple, pour les retraites, l’État doit couvrir en totalité la retraite des fonctionnaires, sans aucune dépense prise sur les cotisations du privé. Ainsi, nous verrons la réalité ou non, des besoins en financement, des retraites du public ou du privé. Mais il serait aussi important, que l’État paie ses cotisations, réellement. Ensuite, les cotisations d’assurances sociales doivent être la réalité des besoins, et naviguer selon cette réalité. Ainsi, si les allocations familiales ne suffisent pas, alors elles doivent être réajustées. Mais attention, dans les deux sens, à la hausse comme à la baisse, c’est aussi le cas pour les accidents du travail ou des maladies professionnelles, la santé, etc. Et ce, dans le public comme dans le privé. Pour ce qui est de la CSG (contribution sociale généralisée), là, il ne faut pas oublier à quoi devait servir cet impôt, pris sur tous les revenus, et qui devait remplacer petit à petit, un certain nombre de lignes de cotisations. Il était au départ à 1,1 % et il est aujourd’hui à 9,20 %. Pour la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette sociale), qui devait être limitée dans le temps à quelques années, il a toujours été prolongé. Car c’est cela, la réalité. Nous ne savons pas, dans notre pays, tenir nos résolutions quand il s’agit de prélèvements. Depuis plusieurs années, cette taxe devait être annulée. Mais je pense qu’elle ne le sera jamais, car elle rapporte beaucoup et en plus, elle est quasi invisible. Nous pourrions également nous poser d’autres questions comme comment, dans le pays champion du monde des prélèvements, nous pouvons nous retrouver chaque année, avec un déficit de 150 milliards d’euros, argent que nous empruntons sur les marchés, chaque année, mais en faisant quoi ? De la cavalerie, car en réalité, nous remboursons les anciennes dettes par des nouvelles qui sont là uniquement pour les couvrir ou les maquiller par un fond de teint de remboursement ! Là aussi, il y a un questionnement : pourquoi cette pratique, pourtant interdite, est-elle utilisée par les États ? Comment penser que l’argent que nous empruntons ne sert pas à des investissements, mais à payer nos besoins courants ? Là aussi, c’est un vrai questionnement… cela explique, sans aucun doute, que notre déficit global augmente d’année en année, pour en arriver aujourd’hui à un taux de 112 % du PIB ! E. Macron était appelé « le Mozart de la finance ». Eh bien, nous pouvons dire que Mozart en a pris un coup dans les côtes et qu’il a, aujourd’hui, des difficultés à respirer.
Et que nous annonce-t-on quant aux nouvelles dépenses, qui ne sont pas financées ? Encore une fois, la réalité, c’est que nous voulons manger du caviar, alors que nous avons à peine de quoi nous payer des patates ?
Je sais bien que si un homme politique vous annonce du sang et des larmes, il ne sera pas élu. Mais à contrario, si demain, nous sommes obligés de vendre les bijoux de famille, ou si l’État décide que les produits comme les livrets doivent maintenant servir à la France en bloquant les montants remboursables tout en appliquant, par exemple, une taxe sur tous les retraits, que croyez-vous qu’il se passera ?
Nous sommes tous responsables de notre destin, que nous soyons particuliers comme collectif. Alors, avant de penser à un côté de l’échiquier politique, commencez par vous poser des questions, sur les promesses que l’on vous fera.
Elles sont toujours belles au départ. Mais jusqu’à l’aboutissement, méditez-les et tirez-en profit.
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2024