À 20 ans, je voulais conquérir le monde comme le chantait la regrettée Françoise Hardy :
« On se dit qu’à vingt ans, on est les rois du monde, Et qu’éternellement, on pourra être heureux… »
J’étais persuadé de ma force, de ma capacité à faire changer les choses, et puis il y a eu la vie !
Voilà comment pourrait commencer un livre sur l’existence de tout un chacun. C’est aussi le livre de la capitulation des rêves du plus grand nombre des jeunes gens de mon époque.
Ah ! Surtout, ne croyez pas que c’était mieux avant, il y avait simplement plus d’insouciance, mais aussi plus d’espoir. Tout ça pour dire que les jeunes gens d’aujourd’hui sont parfois et bien souvent plus tristes, plus résignés et plus perplexes que nous l’étions. Et quand ils ne le sont pas, alors, ils tombent dans l’extrême, beaucoup à gauche avec les petits rats de l’attrapeur (conte bien connu des enfants) à manifester sans même, bien souvent, comprendre le pourquoi du comment, demandant aux autres ce qu’eux-mêmes n’acceptent pas ! Ou alors, ils sont à l’extrême droite çà et là. Et ce, pour des raisons encore plus obscures ! Depuis bien trop longtemps, ce sont les réseaux sociaux qui dictent leurs envies, leurs espoirs, sans que rien ou pas grand-chose ne vienne de leurs propositions chimériques. Alors, je me demande encore combien de temps cela durera, avant que des révolutionnaires de papier leur montrent le chemin et que de cette façon, ils aillent vers des coupeurs de têtes, aussi réels que ceux du Hamas ou du Hezbollah, venant leur faire croire qu’ils l’on décidé comme en ont été sacrifiés le gendarme Arnaud Beltrame, ou le professeur Samuel Paty, et tant d’autres. Alors qu’en réalité, nos jeunes n’ont rien décidé, mais qu’ils ont été conditionnés en moutons de Panurge jusque dans les facultés d’Occident. Voilà où nous en sommes.
Je me souviens de ce temps où nous discutions, sans jamais ou rarement être d’accord, mais il n’y avait rien de grave. Nous n’étions simplement pas d’accord, et jamais il ne nous serait venu à l’idée de nous empoigner. Non, ce qui était intéressant, c’étaient simplement nos divergences de points de vue. Du coup, chacun donnait son avis et faisait ses propositions, voire explicitait son argumentation. Et à la fin, cela se terminait par le verre de l’amitié, quelquefois même en ayant changé d’avis. Car, comme le dit le proverbe : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. » Aujourd’hui, à la moindre contrariété, c’est tout juste si l’on ne sort pas une kalachnikov, pour éliminer l’opportun qui a osé nier ma réalité. Et pourtant, jamais autant de diplômés ne sont sortis des écoles, jamais autant de possibilités n’ont été offertes. Alors, c’est quoi la réalité du sujet ? Ou comme le demandait Pilate au Christ : « Qu’est-ce que la vérité ? » Eh bien, je crois que nous avons engendré une génération de montre d’égoïsme, pour laquelle tout est dû, tout est permis et gare à celui qui s’opposera ! Il y avait une chanson de Guy Béart pour illustrer cela : « Ce jeune homme a dit la vérité, il doit être exécuté !!! » Alors, ils écoutent les réseaux sociaux, sans vraiment comprendre le monde dans lequel ils évoluent.
Enfin, je crois important de répéter, comme je le fais souvent dans ces tribunes, de ne jamais faire de généralité, mais par contre, nous devons parler de particularité, ou plutôt de particularisme, de cette génération, qui ne rêve plus, qui ne croit plus, qui pense qu’elle détient toutes les solutions, sans jamais en mettre une seule en action, qui ne croit plus en la science, en la sagesse de la réflexion, voire qui les combattent, en oubliant tous leurs apports et leurs bénéfices aidant à bâtir un monde meilleur au lieu d’un monde aveugle, menant à des divisions sanglantes et meurtrières. Je l’ai déjà souvent dit, mais la France est probablement le plus beau pays du monde. Mais malheureusement, elle est peuplée d’irréductibles défaitistes. Alors, bougez-vous, vous qui avez 20 ans cette année, n’oubliez pas que le monde vous appartient et qu’il est droit devant vous. Allez sans vous retourner et construisez votre avenir, sans trop écouter les sirènes des alarmistes, qui n’espèrent rien d’autre que de vous voir suivre le chemin des rats et du flutiste, du Joueur de flute de Hamelin, transcrit notamment par les frères Grimm. À bon entendeur, salut !
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2024