Il y a, en ce moment, une bataille pour savoir si le gouvernement Attal était au courant du décrochage des finances publiques en 2024. Le Sénat vient de dire oui et surtout d’expliquer en partie le pourquoi du comment, et bien sûr, les anciens responsables de ce gouvernement se défendent en dénonçant les mensonges ou les approximations faites par le Sénat. Ce que nous pouvons constater, c’est qu’une entreprise privée qui aurait vu une telle distorsion aurait réagi bien plus tôt, car il en allait de sa survie. Alors, pourquoi ces personnalités qui sont normalement les mieux formées sont-elles passées à côté d’un décalage aussi important ? Eh bien, il y a, à mon avis, plusieurs explications possibles. La première est simple : comme avec la météo, que nous regardons chaque soir à la télé, en changeant de chaîne, notamment sur les grands journaux, il peut y avoir jusqu’à deux degrés d’écart entre une chaîne et une autre, alors que tous partent du même travail, celui de Météo-France. Ces journaux télévisés nous expliquent à grand renfort de cartes, leurs prévisions et quelquefois même avec des transitions sur plusieurs mois à avance. Et c’est là le problème, car dans la réalité, la météo n’est vraiment prévisible qu’à 3 ou 4 jours de façon à peu prête exacte, et encore. Alors, avec plusieurs mois, nous savons bien que cela signifie qu’il y a là une prévision appelée : « Au doigt mouillé ! » Eh bien, voilà comment les prévisions sont faites à Bercy. Alors, pour en savoir plus, cette méthode vient du vocabulaire maritime où, les marins mouillaient leur doigt et le levaient en l’air pour connaître le sens du vent (le côté du doigt refroidi indiquait ainsi d’où venait la bise). Mais cette méthode est plutôt hasardeuse. La deuxième explication possible est que les prévisibles remontées, à cause notamment des diversités de strates administratives, retardent toutes remontées vers les spécialistes de Bercy. Cela signifie que les informations sur les impôts et taxes en France sont finalement prévues de façon incomplète pour le moins. Ou alors nos spécialistes des finances de Bercy, sont à mettre dans le même sac que ceux de l’INSEE pour ce qui est du chômage, très approximatif ! Ou sous forme de sondages ! Il y a aussi une autre possibilité : que les forces des territoires qui ne sont pas liées ou même associées au gouvernement en place, ont la volonté de ne jamais transmettre des informations en temps et heure pour embêter (là, j’aurais utilisé normalement, un autre verbe, mais cela n’aurait pas été vraiment polie). Les directions en place : mais je n’ose pas y penser !… Enfin, peut-être que finalement nos économistes de Bercy ne sont pas aussi exceptionnels qu’ils le disent. Car même si c’est la recherche de poste, en priorité, des diplômés de l’ENA, nous avons déjà connu des distorsions importantes entre les prévisions et les réalisations, chez nos spécialistes des finances publiques, qui par habitude, vous expliquent en permanence que leurs tendances sont toujours exactes et qu’en plus, ça se rattrapera l’année d’après. L’avantage, c’est que le grand public oubliera ces informations l’an suivant, car il est confronté à d’autres réalités. Pour mieux comprendre, rappelez-vous de F. Hollande qui, pendant les 5 ans de son mandat, nous a expliqué qu’il allait y avoir un retournement de la courbe du chômage. Croyez-vous que cela était dû à son action ? Non, bien sûr, il croyait se retrouver dans la situation de L. Jospin qui avait bénéficié du travail de Chirac et de son gouvernement, sur l’amélioration des finances. Mais voilà, la chance n’est pas toujours au rendez-vous, et ces informations ne pouvaient que venir de Bercy. Alors, aujourd’hui, je crois important de vous indiquer deux réalités de notre pays, réalités que vous connaissez, que vous vivez, même si vous ne voulez pas les voir.
La France dépense, au minimum, chaque année, cent cinquante milliards de plus que la possibilité de prélèvement ! La France est déjà le pays qui prélève le plus au monde dans les poches de ses citoyens ! Il ne reste donc plus aucune autre solution pour la France, que de faire des économies. Et attention : il s’agit là d’au minimum de 150 milliards.
Et François Hollande, qu’on peut toujours appeler « Monsieur l’ex-Président », qui s’est fait, au contraire de tous ses prédécesseurs, député, par vraie ou fausse humilité, qui vient nous donner des leçons d’économies, de société et de prévisions politiques alors que la sienne qu’il qualifiait de « normale » dans sa campagne électorale, n’a pu prétendre à un second mandat.
Décidément, la Météo dont je vous parlais en début de tribune n’est guère plus exacte que ce que nos experts de Bercy nous proposent d’une année à la suivante.
J’en reviens à mon titre : « 45 ans de déficit socialiste : et les finances publiques ? » Et je vous laisse apporter votre avis personnel.
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2024