Dans notre pays, nous nous posons toujours des questions sur les réactions de nos concitoyens, de certains journalistes sur les chaînes d’info permanentes, ou des autres chaînes d’ailleurs, de ces politiques qui se trompent trop souvent avec des réactions excessives et aucune retenue ou limitation dans les mots, mettant le feu à des têtes toujours prêtent à la bagarre. Mais comment en est-on arrivé là ?
Je l’ai souvent dit, mais il est important de le répéter : la France est le plus beau pays du monde avec des milliers de kilomètres de côte, des plaines, des collines et des paysages idylliques, les plus belles montagnes d’Europe et peut-être aussi du monde, des villes toutes plus différentes et plus belles les unes que les autres. Et enfin, il y a Paris, cette capitale du romantisme mondial, avec ses monuments et ses musées d’exception et d’une beauté artistique remarquable. Alors pourquoi dans un tel pays y a-t-il autant de gens malheureux et tellement énervés ?
Il y a peut-être plusieurs explications possibles. D’abord, les Français de souche ou d’importation sont tous unis autour d’une volonté de liberté, d’égalité et d’amitié. Ensuite, il y a la bravade, cette envie irrépressible de contester, tout et son contraire. Puis l’inventivité permanente, dans les arts et techniques, des plus petites choses aux plus improbables. Qui se souvient que la Carte Bleue est une invention française, que la machine à calculer a été imaginée par Blaise Pascal ou que l’automobile le fut par Joseph Cugnot. Et que le champagne est le résultat du travail de Monseigneur Dom Pérignon, ce que pratiquement le monde entier sait. Bien moins connue, la conserve est une invention de Nicolas Appert ; je vous le dis, la France a toujours eu cette tradition, qui consiste à créer, à concevoir, à trouver des solutions à l’impossible. Le concours Lépine est à lui seule une preuve de cette capacité. Mais c’est peut-être dans cette attitude permanente de création qu’il faut chercher cette mauvaise humeur et cette difficulté à vivre. La création sort très souvent de multiples échecs, et justement l’échec est très mal compris dans notre pays, alors qu’il est l’essence même de la création. Aujourd’hui, c’est encore plus compliqué par le manque d’argent et de considération. Si un jeune dit « je veux devenir écrivain », on lui explique qu’il doit d’abord apprendre le français, alors qu’imaginer une histoire n’a rien à voir avec l’orthographe. Si un autre veut faire avocat ou médecin, on lui explique que les études sont trop longues et qu’il n’a peut-être pas les capacités, alors qu’on devrait lui dire « fonce tu verras bien ». Rappelez-vous deux citations de W. Clément Stone : « Vise toujours la lune, car même si tu rates, tu pourrais te retrouver parmi les étoiles », ou encore « L’adversité contient toujours le ferment d’une nouvelle chance ». Au lieu d’encourager, nous passons notre temps à dissuader. Il est temps de redonner aux enfants l’envie de faire et à chaque fois qu’un d’eux veut faire, il va falloir comprendre qu’il a besoin de notre soutien, et que c’est uniquement à cette condition que nous pourrons apaiser notre pays.
La suite dans les prochains jours.
Philippe Sallanche 2020