Quand j’étais plus jeune, dans la presse journalière puis hebdomadaire et principalement dans celle qui se veut politique, il y avait une phrase qui revenait souvent, comme un leitmotiv :
« La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »
Si je me rappelle bien, il me semble que la première fois que cette phrase a été prononcée, c’est par l’intermédiaire d’une femme, madame Françoise Giroud dans le journal Le Monde. Elle était, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, une journaliste, une écrivaine et une femme politique française, même si née en Suisse. Si cette phrase avait eu une valeur autre que vouloir provoquer, l’égalité aurait été atteinte avec la nomination de madame Édith Cresson comme premier ministre par François Mitterrand, car nous avons assisté à une série d’erreurs dont seuls les hommes, normalement, sont capables.
L’intellectualisation des périphrases par des journalistes ou des politiques est toujours une preuve de la méconnaissance du peuple français. Non que je sois un spécialiste, mais comment comprendre une phrase qui laisse entendre que nous mettons en permanence à la tête de nos institutions des incapables, même si quelquefois cela est vrai, ce n’est en aucun cas une réalité permanente. Encore que, trop souvent, l’attitude hautaine de certaines personnes nous exaspère, mais c’est avant tout un problème de caractère, ou plutôt une invitation de certains postes à faire œuvre d’orgueil, mal placé ; nul besoin de ça quand notre valeur est suffisante. Je pourrais vous donner les noms des hommes ou de femmes qui ont été nommés et qui n’ont pas été à la hauteur, mais cela n’aurait pas vraiment de valeur, alors je vous propose des noms de femmes qui ont marqué de leurs présences le poste qu’elles ont ou qu’elles occupent.
La première qui me vient en tête, c’est Christine Lagarde qui est, dans l’ordre, une avocate d’affaires, une femme politique ministre à plusieurs reprises et une haut fonctionnaire française. Avocate au barreau de Paris, elle fait carrière au sein du cabinet d’avocats d’affaires internationales américain Baker McKenzie duquel elle devient directrice générale et fera croître son chiffre d’affaire de cinquante pourcents. Sous l’impulsion de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, elle va occuper des postes ministériels, jusqu’à devenir ministre des finances, et ce pendant la crise financière de 2008. Ensuite, ça sera le FMI où elle est confrontée à la crise de la dette dans la zone euro, notamment en Grèce. Enfin, aujourd’hui, elle est à la tête de la banque centrale européenne (BCE) où elle se trouve à nouveau devant une nouvelle problématique : le Covid-19 et l’endettement des pays européens, pour répondre à l’obligation de confinement pour conserver des vies. Christine Lagarde fait partie des femmes les plus en vue dans le monde, mais aussi l’une des plus adaptables et ingénieuses de notre époque. J’ai une grande admiration pour cette personne. La deuxième femme dont je voudrais vous parler est probablement moins connue, sauf des spécialistes : Sonia Arrouas. Présidente du tribunal de commerce d’Evry et, depuis janvier 2021, présidente de la conférence générale des juges consulaires, cheffe d’entreprises multiples, c’est une femme engagée dans la sauvegarde des entreprises et surtout de l’économie française, un bourreau de travail. En France, nous connaissons mal le travail des tribunaux de commerces et pourtant ils sont indispensables à la vie économique des entreprises, et ce sont des personnes comme Sonia Arrouas qui apportent cette énergie indispensable à la vie économique de notre pays.
Je pourrais vous donner d’autres exemples, mais ce que je voudrais vous faire toucher du bout des doigts avec ces deux femmes, c’est que connues ou moins médiatisées, elles sont toujours particulièrement professionnelles et engagées dans l’action, avant même leurs propres publicités, ce que nous ne trouvons pas forcément chez les hommes.
Voilà pourquoi, pour moi, la femme est probablement l’avenir et qu’il faudra pour les années prochaines, compter sur elles.
Prochaine tribune dans les prochains jours.
Philippe Sallanche 2020