Dans un premier temps, je voudrais vous parler du lieu, le Grand Palais Éphémère. Un endroit qui donne l’impression d’être au Grand Palais, par sa dimension étonnante, où, même avec du monde, l’impression d’une respiration facile demeure. Ensuite, il y a le festival. Mon premier ébahissement fut le nombre de visiteurs, dès le matin, avant même l’ouverture : ils étaient des centaines à attendre. Cela me permet de me souvenir d’un texte, celui usité par Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, pour expliquer, à l’Université de Pékin, ce que représente la littérature en France :
« C’était d’ailleurs reprendre l’opinion de Napoléon qui considérait que si l’on veut comprendre la France, il faut se contenter d’un seul livre ou bien alors il en faut mille. (sic)»
Pour moi, si je devais définir la particularité de la France, eh bien je parlerais de l’importance que revêt pour elle la littérature, dans son cœur même, mais aussi, depuis très longtemps, pour les politiciens, afin d’atteindre le cœur des Français, même si là, actuellement, nous ne sommes pas vraiment gâtés. Néanmoins, une belle phrase, bien tournée, une réplique bien placée, apporte aux électeurs une forme de plaisir intense. C’est probablement ce qui explique que certains hommes politiques sont aimés, même si les Français savent bien qu’il est totalement impossible de voter pour eux pour prendre des responsabilités. Il y a là la réalité et, en même temps, la différence entre l’érudition qui amène à une forme de joie, et la capacité à convaincre. Ça, les Français savent encore faire la différenciation, entre littéraire et littérature.
Donc, comme je vous l’ai dit, il y a déjà beaucoup de monde. Je rentre à l’intérieur du festival, ; là, il y a des îlots, et je décide pour cette année d’aller principalement vers des éditeurs d’Ile-de-France, mais pas les plus grands. Non, plutôt ceux qui apportent très souvent la connaissance, sans faire de bruit, pour mieux comprendre leur façon de travailler, leurs lignes éditoriales, et surtout voir ce qu’ils distribuent. J’ai été surpris car, dans un premier temps, je m’aperçois de la qualité de ces éditeurs. Ensuite, de la diversités des livres, mais aussi de l’intensité et du bonheur de ces personnes quand elles parlent de leur maison d’édition et de leurs écrivains, avec une sorte d’amour dans les informations transmises. J’ai l’impression de redécouvrir la mission première du livre et de ceux qui s’en occupent, même si je ne veux en aucun cas dire que dans les grandes maisons d’éditions, il n’y a pas de passion.
Je distingue, çà et là, des groupes de jeunes, avec leurs professeurs, probablement de français ou de lettres, qui s’arrêtent à chaque stand, pour donner des explications, sur tel ou tel livre ou écrivain. Des dizaines de ces jeunes ont des livres sous les bras. En ressentant plus qu’en voyant cette image, je suis heureux que l’amour des mots reste encore tellement vivace dans notre nation française, et surtout, pour ne pas oublier et pour paraphraser Jacqueline de Romilly, Quand on ne sait pas s’exprimer, quand on ne manie que de vagues approximations, comme beaucoup de jeunes, il ne reste que les poings, la violence fruste, stupide, aveugle. Voilà pourquoi je suis heureux de voir ces jeunes au contact des livres, avec un espoir secret que cela apaise les discours de haine qui courent régulièrement dans nos territoires. Et si souvent pourtant, il suffirait simplement de se parler.
Maintenant je voudrais dire merci à l’organisation du festival, au syndicat national de l’édition, ainsi qu’à la région Ile-de-France, mais aussi à ces éditeurs parisiens, que j’ai rencontrés et que je cite ci-dessous : « Restez toujours passionné et continuez à transmettre votre passion, car c’est avec la littérature que nous arriverons à apaiser la nation.
Édition Bruno Doucey ; Édition Bout du monde ; L’Asiathèque ; Édition Magellan ; Manuela Édition; Transboreal ; Édition Ypsilon ; Édition Tripode ; Édition Claire Paulhan ; Édition Chandeigne, et bien d’autres.
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2023