Il y a un peu plus d’un an, les Français ont décidé de ne donner aucune majorité dans l’hémicycle de la chambre basse de notre démocratie : est-ce condamnable ? C’est une vraie question, car dans la réalité, nous avons aujourd’hui au moins deux responsables de ce fait. Pour ce qui est du premier, il s’agit du président E. Macron, en voulant pour des raisons ésotériques reculer la date du vote pour les élections législatives, par rapport à la culture française, depuis le quinquennat et qui mettait ces élections dans le mois qui suit les présidentielles. Ce qui tend à prouver que monsieur Macron croit toujours être plus malin que les institutions. C’est probablement sa notion de premier de la classe et surtout la culture de supériorité intellectuelle qui l’a mis dans cette situation. Ou alors c’est ce qu’il souhaitait pour faire taire ses oppositions, mais là ça signifierait qu’il est, si ce n’est le diable, au moins une forme de Méphisto. Mais il n’est pas le seul responsable, JL. Mélenchon l’est tout autant, d’abord en faisant croire qu’il pouvait devenir 1er ministre, ensuite qu’il fallait tout faire pour qu’il n’y ait aucune majorité, enfin de s’associer avec l’extrême droite pour tenter de faire vaciller le pays dans des combats permanents et stériles, qui ont amené l’Assemblée nationale dans l’état où elle est aujourd’hui ! Pour les gouvernants, il n’y a donc aucune autre solution que de décider d’utiliser toutes les possibilités ouvertes par notre constitution. Et l’article 49, alinéa 3 a justement été imaginé pour cet état de fait. C’est l’une des intelligences développées à la suite de la création de la 5e République. Maintenant, est-ce condamnable ? Comme on l’entend ici et là ! Ce qui m’amuse le plus, c’est de voir, comme le 28 septembre dernier, le groupe Nupes, regroupé autour de la cheffe de file LFI, Mathilde Panot, expliquant à qui voulait l’entendre qu’il s’agissait d’une forme d’amusement. Sa phrase est pour moi explicite, dans l’espoir qu’un jour certain suffisamment de membres des LR voteront la censure :
« Borne ouvre la saison des 49.3 autoritaires, nous inaugurons celle de la censure populaire !»
Voilà, la petite phrase qu’elle voulait assassine, mais en réalité d’une absurdité du point de vue politique comme sémantique. En effet, les 49.3 autoritaires ne sont rien d’autre que l’utilisation de la constitution. Quant à dire que cet article serait autoritaire, c’est décider que les outils de la constitution utilisés, notamment par l’un des groupes de la Nupes, car le parti qui a le plus utilisé le 49.3 est le parti socialiste, alors cela signifierait que ce parti serait autoritaire. Du côté sémantique, nous avons la 2e partie de la phrase, censure populaire, et là nous sommes dans une attitude d’exagération totale, car si la Nupes pouvait se prévaloir d’une censure populaire, alors c’est la population qui serait derrière eux. Mais ce n’est pas le cas et tant s’en faut, car si demain il y avait dissolution, le seul parti qui serait gagnant est le RN de M. Le Pen et même plus. Si le vote avait lieu demain, la Nupes en perdrait même des députés. Quant aux socialistes, qui aujourd’hui expliquent que le 49.3 est une violation du parlement, alors qu’hier ils l’ont utilisé de façon majoritaire, il serait pratiquement inexistant. Quant à ceux qui vous expliquent que si demain ils étaient au gouvernement, ils supprimeraient cet article ! Le problème c’est que sans cet article, nous mettons nos gouvernants à la merci des partis politiques, ce que justement la 5e République a éradiqué, nous nous retrouverions devant un schéma à l’italienne où les accords entre partis, valent plus que l’intérêt de l’État. Ce qu’il faut aussi comprendre, c’est que sans cet article, demain, nous pourrions aussi être dans la situation américaine ou sans un accord ou plutôt une négociation entre partis (encore des possibilités de préférer le parti à l’État !). Les dépenses de l’État pourraient être bloquées et nous serions dans l’impossibilité de seulement payer les fonctionnaires non essentiels !
Notre constitution est solide, elle l’a prouvé, à mainte reprise, il est temps de dire à Mathilde Panot, à la Nupes, mais aussi à M. Le Pen et au RN, de se poser les bonnes questions, dont la première est :
Êtes-vous vraiment intéressé par la défense du citoyen français, ou ne préféreriez-vous pas vous retrouver à la tête de l’État, pour le détruire ?
Car demain s’ils mettaient en œuvre ce qu’ils nous disent, aux extrêmes gauche ou droite, alors la France ne vivra plus et surtout deviendra, soit comme la Russie, soit comme ces pays dirigés par des colonels autoritaires et là les Français sauront ce que veut vraiment dire le mot : « Autoritaire ».
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2023
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