Cela fait maintenant un certain temps que je me demande, comment E. Macron a réussi à devenir président. Et je ne suis pas seul à me poser la même question. Certains vous diront qu’il a du talent : pourquoi pas ? Il a réussi à faire l’ÉNA, alors il doit probablement avoir une forme de possibilité réelle. Mais si tous les énarques devaient devenir présidents, ça se saurait. Alors, pourquoi lui ?
Là, c’est vraiment une question complexe : comment, en arrivant de nulle part, a-t-il pu se faire élire ? Nous avons toujours des interrogations. La seule chose qui est certaine, c’est qu’il a bénéficié d’un incontestable nombre d’évènements qui auraient dû être contradictoires, mais qui ont tous été dans le même sens. D’abord, la bataille à droite, et surtout, le manque de qualité et de parole, de celui qui a fini par être désigné, F. Fillon. Ce fut la première erreur de la droite, et malheureusement pas la seule. Ensuite, il y a eu la gauche et surtout celui qui avait été président à partir de 2012, F. Hollande, tellement décrié qu’il lui a été impossible de se représenter. Mais pour autant, son manque d’aptitude à être président et même son aptitude à tout détruire autour de lui, jusqu’à répudier une femme devant la presse mondiale, avait grillé les autres candidats de son parti. Ce fut ce côté de l’échiquier politique, qui a d’ailleurs souffert le plus pendant cette élection, avec un slogan (attention à ne pas s’attacher à un slogan, car sinon vous ne faites plus de politique, mais une forme de populisme) « le en même temps ». J’ai entendu qu’il venait du privé, et là c’est un énorme éclat de rire que ça déclenche chez moi. Il vient du privé ! De qui se moque-t-on ? Enfin, ce n’est pas en étant une ou deux années associé gérant dans une banque privée, qu’il peut prétendre avoir connu le privé et surtout la réalité des entreprises du privé, comme d’ailleurs beaucoup d’énarques, qui s’imaginent tout connaitre en n’ayant jamais effectué la réalité d’un vrai travail sur le terrain. Comment peut-on appeler ça avoir été dans le privé ? Nous sommes là, dans l’allégation. D’ailleurs, s’il y avait eu une réalité dans le passage dans le privé, la première chose qu’il aurait faite, c’est stopper l’excès du normatif, les charges et impôts, et la libération de l’entrepreneuriat en France. Avez-vous vu cette réalisation ? Non, bien sûr, sauf un petit peu sur l’IR, car dans l’évidence de ces personnages, ce ne sont pas là les problématiques, mais uniquement dans une forme de volonté, sauf que vous ne payez pas vos charges avec de la volonté !
Ce qu’il faut retenir, c’est que ce qui semblait magique au début, aujourd’hui, la conjoncture se retourne et demain nous risquons de nous retrouver avec à nouveau un grand nombre de nouveaux chômeurs et des disparitions d’entreprises, car redevenues non compétitives. Le comble, c’est que le génie nous a conduit dans la pire des impasses démocratiques, avec une dissolution bien avant qu’elle soit nécessaire et surtout utile. Et, ce génie qu’est E. Macron a beau tenter d’expliquer qu’il a voulu redonner la parole aux peuples, ce n’est qu’une volonté de défendre la tentation, de surpuissance, d’un homme qui ne sait plus comment faire. Ce qu’il a fait de plus mal, à mon avis, c’est d’avoir détruit la majeure partie du combat politique, économique et du verbatim du monde des affaires du pays, en faisant croire, avec un certain nombre d’autres femmes et hommes spécialisés ou pas, que les droite et gauche n’existaient plus. Non, ce n’est pas la même chose, car les directions du pays seraient en totale opposition, selon qu’elles viennent d’un côté ou de l’autre. Alors, faire croire que cela est identique, n’a réussi qu’à faire monter les extrêmes, et notamment LFI, qui est un parti, à la gauche du parti communiste, voire pire que la Russie, ou la Chine. Alors, ne vous trompez pas, E. Macron a cru, quand n’ayant qu’à combattre l’extrême droite en général et Marine Le Pen en particulier, il créerait un parti à l’égal du Général de Gaulle, pour les 30 à 40 prochaines années. Mais voilà, s’il exerçait les prévisions de « madame Irma », il pourrait peut-être prévoir l’avenir. Néanmoins, ce n’est pas son don ni son nom, donc !… Mais il ne faut pas non plus édulcorer la responsabilité des partis politiques de gouvernants n’ayant, au moins pour la droite, fait qu’appliquer leurs programmes, en faisant croire qu’il fallait mettre quelques touches des autres partis politiques, pour simuler une compréhension et une capacité d’écoute, de la soi-disant valeur démocratique. En oubliant que si vous n’êtes pas capables d’avoir une droiture, alors vous perdez vos électeurs ! Et je voudrais vous donner un exemple sur ce qu’était l’ouverture aux autres partis, avant Macron. Et pour ce faire, je voudrais simplement rappeler une petite phrase qu’un de mes amis avait faite, Patrick Devedjian, à propos de l’ouverture prônée par N. Sarkozy et qui va lui couter, entre autres, l’élection suivante : « Je suis pour aller très loin dans l’ouverture, y compris jusqu’aux sarkozystes, c’est dire ! »
Dans la réalité de ce président, c’est qu’il se serait bien vu comme un grand homme, un constructeur. Mais en vérité, le risque c’est de voir le pays dans un état bien plus diminué après son passage qu’il ne l’était auparavant. Peut-être est-il mal-entouré, mais c’est de sa responsabilité, car être élu est une chose, mais ensuite, réussir en est une autre. Pour simple rappel : il aura fallu que quelques mois pour que le président, en en place en 1958, ait les moyens de relancer la France, et lui, 7 ans après. Nous n’avons pas avancé, pas inventé, nous n’avons lancé aucune grande invention, aucun grand projet qui met la France en avant. Alors oui, certains me diront : « Et les gigafactorys dans le nord de la France, c’est quoi ? » Alors, ce qu’il faut dire, c’est : « Dans ces constructions, quels sont les inventions portées par ces nouvelles entreprises, qui, d’ailleurs, sont très souvent étranges, et qui n’auront pas de comptes à rendre à l’État, même si ce dernier a apporté son concours à la réalisation de ces usines. Pour simple rappel, en regardant à l’année 1958 et les années suivantes, il y a eu le Concorde, le France, les centrales nucléaires, le TGV, le minitel ou encore Airbus, même si toutes ces créations, n’ont pas réussies pleinement et n’ont pas apporté toutes les possibilités que nous pouvions espérer. Quelles sont les créations en attente aujourd’hui ? Rien ou presque. En relançant le commissariat au plan, j’espérais, mais voilà, en y mettant comme premier responsable monsieur F. Bayrou, un homme qui a pensé qu’il était un élu du divin, nous sommes dans le même état qu’avec E. Macron : il y a de la croyance, mais rien derrière, si ce n’est des incantations plutôt que des réalisations.
Alors aujourd’hui, j’espère que nous aurons, pour la prochaine législature présidentielle, une ou un président, qui aura une vision pour le futur et non ces œillères qui empêchent de voir à 180°, voire à 360. Mais là, j’en demande peut-être beaucoup, et j’espère surtout, un peu moins d’égo. Pour ne pas que celui qui a les pleins pouvoirs du peuple fasse comme cela s’est vu, un abus de pouvoir en disant pareil au président Macron dans l’affaire Alexandre Benalla : « Le responsable, c’est moi. » C’était au début de son mandat. Depuis, son étoile ayant moins brillé, il revient à un balancier de son égo, moins arrogant, et moins insolent vis-à-vis du peuple français qui se demande où il en est. Et surtout, qui lui succèdera dans cette France que Jacques Delors disait ingouvernable.
La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2024